Le souffle du Nord arrive sur les rives du Niari
Après avoir sillonné douze localités du corridor septentrional, la caravane congolaise de l’entrepreneuriat s’est arrêtée le 17 juillet à Dolisie. Cette deuxième phase, consacrée au Sud du pays, confirme la volonté des autorités de mailler équitablement le territoire afin de démocratiser l’acte d’entreprendre. L’initiative, placée sous le slogan « Jeunes, osez entreprendre », poursuit un objectif clair : transformer le potentiel démographique en capital économique durable.
Dolisie, entre massif montagneux et capital symbolique
Considérée comme la « capitale de l’or vert », Dolisie bénéficie d’un patrimoine forestier, hydrologique et minéral doublé d’une position de carrefour ferroviaire et routier. Cette géographie singulière en fait, selon la ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Artisanat, Jacqueline Lydia Mikolo, « un véritable laboratoire de développement local où agro-business, économie verte et technologies numériques cohabitent naturellement » (ministère des PME, 2024).
Dans le contexte d’une économie nationale encore tributaire des hydrocarbures, la ville se profile comme un démonstrateur d’options de diversification, notamment par la transformation du bois, la logistique ferroviaire et l’écotourisme sous-régional.
Retour chiffré sur un premier périple convaincant
Aimé Blanchard Linvani, directeur général de l’Agence de développement des très petites, petites et moyennes entreprises, dresse un bilan encourageant du premier tronçon : 8 996 personnes enrôlées, dont 4 527 femmes. Au-delà du symbole, ces statistiques révèlent l’appétence croissante pour l’auto-emploi, en particulier dans les zones rurales où les dispositifs d’accompagnement font souvent défaut.
L’encadrement proposé s’articule autour de trois axes : information sur les régimes juridiques, stimulation des vocations entrepreneuriales et définition de parcours d’appui individualisés. Ce triptyque, inspiré des bonnes pratiques d’incubation observées dans la sous-région, entend faciliter l’accès au financement et au mentorat, deux freins récurrents relevés par les organisations professionnelles.
Une démarche inclusive qui cible la jeunesse
Pour la ministre Mikolo, la caravane constitue « une réponse tangible et pérenne aux aspirations de la jeunesse », rappelant que 62 % de la population congolaise est âgée de moins de 25 ans (INS, 2023). En s’affranchissant des clivages géographiques, le programme installe un dialogue direct entre décideurs et porteurs d’idées. L’accent mis sur l’entrepreneuriat féminin traduit par ailleurs l’engagement de Brazzaville en faveur de la parité économique, démarche alignée sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Les collectivités locales en première ligne
Le maire de Dolisie, Marcel Koussikana, voit dans la caravane « une occasion en or pour l’intégration socio-professionnelle de la jeunesse ». Son appel à l’appropriation citoyenne illustre la nécessité d’un relais institutionnel de proximité, sans lequel les programmes nationaux risqueraient de perdre en lisibilité. Les conseils départementaux et municipaux sont ainsi invités à mettre en place des guichets uniques d’orientation afin de pérenniser l’élan né de l’événement.
Des opportunités vertes au cœur de la relance économique
Le choix de Dolisie correspond à la montée en puissance de l’économie verte dans la stratégie de relance post-pandémie. L’agriculture durable, la valorisation des résidus forestiers et l’émergence de micro-centrales hydroélectriques s’intègrent au Plan national de développement 2022-2026. Les jeunes entrepreneurs sont encouragés à explorer ces niches, d’autant que des partenariats avec la Banque de développement des États de l’Afrique centrale prévoient des lignes de crédit préférentielles pour les projets à faible empreinte carbone.
Cap sur Kibangou et Mossendjo : le marathon se poursuit
À l’issue de l’étape de Dolisie, la caravane empruntera la route vers Kibangou puis Mossendjo, autres communes du Niari où l’agroforesterie et la transformation du cacao occupent une place stratégique. Les organisateurs ambitionnent d’y reproduire les ateliers de sensibilisation, les séances de ‘pitch’ et les rencontres B2B déjà éprouvés dans la Likouala. La mobilité de l’initiative permet ainsi d’amener l’écosystème entrepreneurial au plus près des populations, limitant les coûts de déplacement et renforçant la cohésion territoriale.
Entre pragmatisme gouvernemental et audace citoyenne
Au-delà des chiffres et des discours, le succès de la caravane reposera sur la capacité des institutions à transformer l’engouement initial en entreprises pérennes. L’équation implique un suivi post-événement, une simplification des démarches administratives et un accompagnement technique continu. En misant sur la vitalité des jeunes Congolais, Brazzaville table sur un dividende démographique susceptible de consolider la stabilité socio-économique, tout en accélérant la diversification productive.
Les premiers pas effectués à Dolisie laissent entrevoir une dynamique vertueuse, où la créativité locale croise un volontarisme étatique assumé. Si la route vers Kibangou et Mossendjo s’annonce encore longue, la caravane confirme déjà une vérité : l’avenir du Congo-Brazzaville se dessinera aussi sur les pistes latéritiques de ses terroirs, portées par l’énergie d’une jeunesse qui revendique le droit d’innover chez elle.
