Une réforme dictée par le contexte sanitaire et logistique
En séance plénière le 19 juillet, le Comité exécutif de la Fédération congolaise de football a adopté, « à titre exceptionnel », une refonte de la formule de la Ligue 1 pour la saison 2025-2026. L’élite passera de quatorze à seize clubs à compter du 15 septembre, date de reprise fixée dans un calendrier délicat, encore marqué par les effets collatéraux de deux exercices fortement perturbés. La décision, inscrite au procès-verbal fédéral, entend compenser l’arrêt prématuré de la Ligue 2 et la suspension de la Coupe du Congo deux années consécutives, événements qui avaient fait planer un doute sur la cohérence sportive de la pyramide nationale.
Red Star et KFA, symboles d’une ascension méritée
Dans ce nouveau paysage, Red Star, champion de la Zone A, et Kouilou Football Académie, premier de la Zone B, obtiennent un accès direct à l’élite. Ces deux formations, que d’aucuns décrivaient encore récemment comme de jeunes pousses, incarnent la vitalité retrouvée des compétitions régionales. Entre rigueur tactique, investissements prudents et ancrage communautaire, elles ont su convaincre les observateurs que leur présence parmi les grands n’est pas le fruit d’une simple arithmétique fédérale. Les présidents des deux clubs se sont d’ailleurs engagés, dans des déclarations distinctes à la presse sportive de Brazzaville, à « construire un projet durable qui valorise la formation et la transparence budgétaire », gage indispensable pour ne pas faire de la montée un simple feu de paille.
Une lutte finale pour la seizième place
Le dernier ticket d’accession se jouera lors d’une double confrontation disputée sur terrain neutre entre le Racing Club du Bénin (RCB) et l’AS Ponténégrine (ASP), dauphins respectifs des deux zones de Ligue 2. La formule, inédite à ce stade, permettra d’éviter le sempiternel débat sur les différences de niveau entre les poules géographiques. L’enjeu dépasse d’ailleurs les frontières sportives : un succès offrirait à l’heureux élu une visibilité renforcée face aux investisseurs et aux collectivités territoriales, tout en préservant la compétitivité financière de la Ligue 1, dont la rénovation des stades et les droits de retransmission sont en pleine renégociation.
Paramètres financiers et exigence de crédibilité
Le président de la Fécofoot, Jean Guy Blaise Mayolas, a souligné que « la crédibilité du football congolais repose désormais sur notre capacité à conjuguer ambition et rigueur ». Les seize clubs de l’élite devront se conformer à un cahier des charges renforcé : salaires mensualisés, bilans financiers certifiés et programme de formation des entraîneurs aligné sur les critères de la Confédération africaine de football. Cette posture s’inscrit dans un mouvement continental qui voit de plus en plus de fédérations conditionner l’accès à la compétition à une gouvernance financière saine, miroir des attentes des bailleurs de fonds et des supporters.
Football féminin, le temps des play-offs et des licences
La réforme touche également le football féminin, secteur que l’institution souhaite hisser au même standard organisationnel que l’élite masculine. La championne nationale sera désormais déterminée par un tournoi de play-offs, avec, pour clé d’entrée, l’obtention préalable de la licence féminine. Celle-ci impose la qualification officielle des entraîneurs, la conformité médicale des joueuses et la présentation d’un projet de développement à moyen terme. La Fécofoot rappelle que seule une équipe respectant ces conditions pourra représenter le pays sur la scène continentale, une mesure saluée par plusieurs ONG locales engagées dans la promotion du sport féminin.
Équipe nationale A’, entre promesses et impératifs administratifs
Parallèlement aux décisions domestiques, le Comité exécutif a dressé un état des lieux de la préparation des Diables Rouges locaux pour le Championnat d’Afrique des Nations 2026. Le groupe est actuellement en stage au Centre technique d’Ignié, mais fait face à un obstacle inattendu : l’absence de passeports pour certains joueurs, alors que la Confédération africaine fixe au 23 juillet 2025 la date limite d’enregistrement. Les services compétents ont été saisis d’urgence, la fédération redoutant qu’un simple retard administratif ne compromette un projet sportif élaboré depuis plusieurs mois.
Coopération régionale et tests amicaux
Sur le plan technique, un accord de principe a été trouvé avec la Fédération de la République Démocratique du Congo pour une double confrontation amicale qui servirait de répétition générale avant le Chan. En revanche, la délégation congolaise n’a pu se déplacer ni au tournoi de la CECAFA à Arusha ni à l’invitation de Douala, faute de titres de transport disponibles. Cette situation révèle la tension qui subsiste entre ambition sportive et moyens logistiques, un arbitrage constant pour les dirigeants soucieux de maintenir le cap fixé par le Plan stratégique 2022-2028.
Regards croisés sur la gouvernance sportive congolaise
La prochaine assemblée générale ordinaire, programmée le 20 septembre, constituera une étape décisive pour apprécier la mise en œuvre de ces orientations. Observateurs indépendants, représentants des clubs et ministères de tutelle y mesureront la solidité institutionnelle d’un football national qui se veut à la fois inclusif, compétitif et économiquement responsable. Si l’élargissement à seize équipes marque une avancée structurelle, il oblige surtout chaque acteur, du bénévole au financier, à inscrire son action dans une vision de long terme. Dans un paysage africain où la concurrence s’intensifie, le Congo-Brazzaville choisit ainsi de faire de sa Ligue 1 un laboratoire de modernisation, convaincu que le ballon rond peut demeurer un formidable vecteur de cohésion et de rayonnement.
