Une reconduction aux allures de nouveau départ
Au crépuscule de l’intersaison, la salle polyvalente du quartier Ouenzé s’est muée en agora sportive. Sous la présidence du ministre Juste Désiré Mondelé, l’assemblée générale du 30 juillet a choisi la continuité en confirmant Victor Magloire Nganguia comme président de la section football du Saint Michel de Ouenzé. L’atmosphère, ponctuée de chants de supporters, contrastait avec la gravité des enjeux : il ne s’agissait pas seulement de prolonger un mandat, mais de sceller un pacte de performance pour le prochain exercice.
Ému, le dirigeant reconduit a saisi le micro pour remercier un « acte de confiance qui engage à l’exigence ». Ce renouvellement n’a rien d’une formalité administrative ; il porte la marque d’une stratégie menée depuis plusieurs mois, visant à stabiliser les organes directeurs afin d’éviter les à-coups qui pénalisent trop souvent les clubs congolais.
Les chantiers sportifs : retour en élite et quête de la Coupe
Au cœur du discours du président général, deux objectifs ressortent comme un fil directeur : retrouver la première division nationale et soulever la Coupe du Congo. « Nous ne voulons plus d’une honorable défaite en quart de finale ; nous voulons aller au bout », a-t-il martelé devant un auditoire acquis. Le message est clair : le club, relégué il y a trois saisons, refuse de se complaire dans les limbes de la D2.
Pour remonter, Saint Michel entend capitaliser sur un effectif expérimenté, renforcé par plusieurs jeunes issus du vivier brazzavillois. Dans les couloirs du stade Alphonse-Massamba-Débat, l’entraîneur principal Kevin Ngimpio juge la mission à sa portée : « Le groupe a mûri et a tiré les leçons de l’an passé. Nous connaissons chaque piège des terrains de province et nous avons élaboré un plan de charge physique révisé ». Sidoine Beaullia, nouvel adjoint, insiste pour sa part sur la préparation mentale, soulignant « la dimension psychologique d’une saison où chaque point comptera ».
Management et gouvernance au cœur du projet
La composition du bureau exécutif traduit la volonté d’adosser le sportif à une gouvernance modernisée. Serge Mondelé Mbouma et Alexis Ngatsé, premiers lieutenants du président, pilotent désormais la mise en conformité budgétaire exigée par la fédération. Le secrétaire général Dieudonné Bakolo, juriste de formation, est chargé de fluidifier la relation avec les instances et d’instaurer un reporting trimestriel, pratique encore rare dans l’écosystème local.
Cette rigueur concerne aussi la trésorerie, confiée à Freddy Jourdain Letembet Zhald. Celui-ci évoque des leviers de financement diversifiés : mécénat d’entreprises nationales, billetterie dynamique et ventes de produits dérivés. « Un club est une entité culturelle au même titre qu’un ensemble musical ; il doit s’auto-soutenir », avance-t-il, citant le modèle des Lions de la Tsiémé, voisins passés maîtres dans l’activation des réseaux de diaspora.
Logistique et préparation : les arrières-scènes décisives
L’intendance, confiée à Dady Tavarez Loubayi, joue un rôle stratégique dans un championnat où les déplacements vers Dolisie ou Owando mettent les organismes à l’épreuve. Les retards de bus ou l’absence d’hôtels adaptés peuvent ruiner un cycle de préparation. « Nous avons cartographié chaque stade et chaque route », assure Loubayi, qui prévoit des partenariats avec des transporteurs privés afin de réduire les temps de trajet.
De même, la cellule performance conduite par le préparateur physique Daudet Koumou a mis en place une base de données biométriques des joueurs. Les séances se déroulent désormais sur pelouse synthétique au lycée Chaminade, afin de reproduire la dureté des terrains du Nord. Cette attention aux détails, rare à ce niveau de compétition, doit permettre de combler l’écart avec les cadors de la D1.
Entre enracinement local et rayonnement national
Si la reconquête sportive polarise l’attention, Saint Michel de Ouenzé demeure un acteur social incontournable. Les entraîneurs des gardiens, Gylverd Bongo et son staff, animeront des cliniques de football gratuites dans les écoles du sixième arrondissement. Objectif déclaré : fidéliser une génération montante et consolider l’identité communautaire du club.
Dans un pays où le sport est vecteur de cohésion, cette dimension sociétale n’est pas marginale. Le ministère des Sports, qui suit de près l’expérience, voit dans l’initiative une contribution à la politique nationale d’inclusion des jeunes. « Saint Michel illustre comment un club de quartier peut porter un projet citoyen », estime un conseiller technique qui requiert l’anonymat.
À l’horizon 2025, le club ambitionne enfin d’ouvrir une académie mixte, un signal supplémentaire envoyé à la fédération et aux bailleurs. La boucle serait alors bouclée : mêler performance, formation et enracinement, pour que le retour en D1 ne soit pas un accident, mais le début d’un cycle durable.