Une nostalgie transformée en action
Vendredi 1ᵉʳ août 2025, une vingtaine de voix familières aux ondes nationales s’est retrouvée au Centre interdiocésain des œuvres de Brazzaville pour inaugurer l’Amicale des anciens journalistes de Radio Congo, sous la houlette de son président, le chevronné Michel Rudel Ngandziami.
Créée trois mois plus tôt, l’association entend éviter le sort des structures éphémères ; la session inaugurale devait donc produire un plan d’actions concret et une feuille de route, promesse d’une dynamique durable au service d’une profession en quête de repères.
« Notre organisation ne devrait pas être un mort-né. Elle ne l’est pas », a lancé Michel Rudel Ngandziami, déterminé à offrir à ses pairs un espace où l’entraide se conjugue avec la transmission, thème central de la réunion, rapportent des participants.
Héritage sonore et empreinte nationale
Les anciens de Radio Congo portent un héritage sonore forgé depuis 1959, année de lancement de la station publique. Leur récit, mêlé à l’histoire politique du pays, reste gravé dans la mémoire collective des auditeurs de Pointe-Noire à Ouesso.
Trois piliers pour un nouveau souffle
Conscients de ce capital symbolique, les vétérans veulent désormais le convertir en actions sociales. Ils ont donc défini trois axes : assistance aux membres, formation continue et promotion de la culture et des loisirs, un triptyque censé irriguer tous les projets futurs.
Le volet assistance inclut une caisse de solidarité pour soutenir les confrères confrontés à des soucis de santé ou de logement, initiative saluée par l’ancien directeur général Serge Michel Odzocki, aujourd’hui sénateur, qui y voit « un modèle d’humanité au sein de la corporation ».
Côté formation, l’Amicale envisage des ateliers sur la vérification des faits, l’écriture web et la réalisation sonore immersive. La maison mère, Radio Congo, pourrait mettre ses studios à disposition, suivant un partenariat en discussion avec la direction générale.
Enfin, la promotion culturelle passera par des soirées de lecture, des concerts live et des émissions patrimoniales diffusées en podcast, afin de reconnecter les jeunes publics avec la riche histoire radiophonique nationale, tout en stimulant la scène artistique locale.
Vers l’an I : projets et logistique
La session inaugurale a également validé la célébration, en 2026, de l’an I de l’association. L’événement devrait prendre la forme d’un forum international sur la radio, réunissant vétérans, étudiants et start-ups audio autour des mutations technologiques et éthiques du métier.
Autre priorité : l’acquisition d’un siège. Plusieurs pistes immobilières à Bacongo et Moungali sont à l’étude, avec le soutien attendu de mécènes privés et d’institutions publiques engagées pour la valorisation du patrimoine culturel congolais.
La discipline comme gage de pérennité
Pour garantir la viabilité financière, chaque membre s’est engagé à verser une cotisation trimestrielle et à parrainer au moins une activité par an. « La discipline est notre meilleur allié », a rappelé Ngandziami, insistant sur la rigueur d’une radio qui a longtemps incarné l’excellence.
Un environnement propice à la solidarité
Le contexte national, marqué par l’importance accordée par les autorités à la paix sociale, favorise l’émergence de telles initiatives citoyennes. La direction de Radio Congo, établissement public stratégique, assure déjà qu’elle accompagnera les projets de l’Amicale dans un esprit de continuité républicaine.
Des archives pour inspirer la jeunesse
Au-delà des aides, les vétérans souhaitent partager leurs archives sonores, véritables trésors de mémoire collective. Une commission de numérisation a été créée pour inventorier bandes magnétiques et photographies, avant de les remettre aux services patrimoniaux afin de garantir leur accessibilité.
Pour la jeune génération de reporters, cette ouverture est perçue comme une chance. « Nous avons besoin de mentors capables de nous raconter les coulisses d’une interview d’État ou d’un reportage de crise », confie Charline Massamba, reporter de 24 ans récemment primée au Fespam.
L’Amicale promet d’ouvrir ses formations à des étudiants en journalisme sélectionnés sur dossier, créant ainsi un pont entre l’Université Marien-Ngouabi, l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication et les professionnels confirmés.
Répondre aux défis numériques
Dans un environnement médiatique congolais où les réseaux sociaux accélèrent la diffusion de l’information, la démarche des vétérans rappelle l’importance du temps long et de la vérification rigoureuse, qualités encore plébiscitées par les auditeurs selon les derniers sondages de Médiamétrie Afrique.
Pour accroître sa visibilité, l’Amicale prévoit un site vitrine multilingue et une présence active sur les plateformes de streaming, où des capsules retraçant l’histoire de Radio Congo seront mises en ligne chaque semaine, accompagnées d’entretiens exclusifs avec des figures emblématiques de la radio.
Un rayonnement au-delà des ondes
Les observateurs notent qu’en revitalisant son réseau, l’Amicale contribue à la diplomatie culturelle du pays, un atout régulièrement mis en avant lors des grands rendez-vous internationaux où la voix du Congo-Brazzaville se veut porteuse de dialogue et de créativité.
Un prochain rapport d’étape, annoncé pour février 2026, détaillera les premières retombées mesurables de cette dynamique fédératrice.