Une cérémonie fédératrice
Dimanche 13 juillet 2025, l’église Saint-Christophe, nichée dans le quartier bouillonnant de Faubourg, a vibré sous les voix d’une assemblée dense venue assister à une confirmation collective historique.
Plus d’une centaine de fidèles, originaires de Sainte-Face, Bakhita, Providence, Christ-Roi, Sainte-Rita et Saint-Christophe, ont reçu l’onction de Mgr Abel Liluala, archevêque métropolitain de Pointe-Noire.
La nef débordait jusqu’au parvis, illustrant l’attachement populaire à un rite qui rythme, depuis des décennies, la vie spirituelle et communautaire de la côte atlantique.
Dans une ville où le collectif structure le quotidien, la cérémonie a symbolisé la capacité des paroisses à tisser des liens au-delà des frontières de quartiers et de générations.
Le dispositif sanitaire, assuré par les Scouts catholiques, a rappelé l’importance accordée au bien-être collectif lors des grands rassemblements religieux de la capitale économique.
La symbolique du sacrement
Confirmation, baptême et eucharistie forment le triptyque qui initie pleinement le croyant, rappelait l’abbé Alain Abel Bounga dans son mot de circonstance, soulignant la cohérence d’une pédagogie de la foi.
Pour de nombreux adolescents présents, la flamme tenue au moment de la profession de foi marquait l’entrée officielle dans un engagement assumé, loin du simple héritage familial.
Le théologien Côme Mabiala insiste : « Recevoir l’Esprit, c’est accepter la responsabilité d’un adulte dans l’Église et participer à sa mission dans la cité ».
Cette étape sacramentelle confère aussi un sceau institutionnel ; les confirmés obtiennent désormais le droit de se proposer comme parrains ou marraines pour les futurs baptêmes.
La cérémonie prolonge la mémoire d’une région façonnée par les premières missions spirituelles venues de Haute-Loire au XIXᵉ siècle, rappelant l’ancrage historique du catholicisme côtois.
L’appel à la compassion active
S’appuyant sur l’Évangile du bon Samaritain, Mgr Liluala a invité les nouveaux confirmés à déplacer leur regard, premier pas vers une citoyenneté nourrie par l’attention aux blessés de la route.
« L’Esprit que vous recevez est un esprit de compassion active », a-t-il martelé, évoquant la capacité de quitter sa zone de confort pour panser les fractures sociales.
Dans une cité en pleine expansion économique, l’appel résonne avec les programmes solidaires du diocèse : cantines paroissiales, ateliers de couture, classes de musique sacrée.
Ces initiatives s’accordent à la dynamique nationale d’un développement inclusif, rappelait un responsable du Conseil local de la jeunesse, soulignant la complémentarité entre action spirituelle et cohésion sociale.
Un économiste local voit dans cette éthique de proximité une manière concrète de soutenir l’économie informelle, encore majoritaire dans plusieurs secteurs urbains.
Les voix qui élèvent
Dès l’entrée, la chorale Saint-Christophe, renforcée par des musiciens de Tié-Tié, a tissé des harmonies mêlant rumba liturgique et polyphonies lingala, soutenues par des percussions douces.
Le chef de chœur Dieudonné Mabika confie avoir répété six semaines : « La voix est un instrument diplomatique, elle parle à toutes les sensibilités ».
Les jeunes instrumentistes, équipés de guitares électriques assemblées à Makayabou, prouvent que le savoir-faire local peut rivaliser avec les standards internationaux sans renoncer à son identité.
Cette esthétique hybride participe à l’effervescence culturelle de Pointe-Noire, où les scènes live se multiplient, des bars de la Côte Sauvage aux studios du quartier Loandjili.
Pour la musicologue Marie-Luce Kounkou, « l’Église demeure un laboratoire sonore capable d’absorber la modernité sans renier ses racines bantoues », un atout pour la diffusion du patrimoine.
Témoignages et perspectives
À la sortie, Fidelphin Mampeme, porte-parole des confirmés, a remercié l’archevêque pour « l’honneur et la confiance » accordés, promettant de servir activement la paroisse d’accueil.
Sa camarade Grâce Nzaba voit déjà plus loin ; la formation catéchétique devrait, dit-elle, l’inspirer pour des projets d’entrepreneuriat social dédiés aux enfants des rues.
Parents, parrains et marraines évoquaient la présence discrète d’anciennes figures de la communauté, preuve d’une transmission intergénérationnelle toujours active et valorisée.
Les responsables du Vicariat travaillent déjà à des ateliers mêlant théâtre biblique et arts numériques afin de maintenir le souffle reçu et d’impliquer davantage la jeunesse.
La paroisse envisage de créer un studio d’enregistrement, initiative susceptible d’attirer les talents émergents et de documenter le vaste répertoire liturgique congolais.
Un rite qui traverse le temps
Lorsque les lourdes portes sculptées se sont refermées, la communauté a célébré davantage qu’un moment liturgique : la promesse d’une dynamique appelée à irriguer la ville entière.
Au cœur de Pointe-Noire, la foi continue de se faire musique, engagement et solidarité, révélant la vitalité d’une culture congolaise en perpétuel mouvement.
Le sociologue Florent Malonga souligne que ces rassemblements religieux constituent « des laboratoires de citoyenneté » où se forgent des réseaux utiles à la vie associative et artistique.
En attendant les Journées diocésaines de la jeunesse, programmées en marge du festival N’Sangu Ndji-Ndji, la paroisse se prépare à accueillir de nouveaux chœurs venus de toute la région.
En écho à la devise nationale « Unité, Travail, Progrès », ces confirmations rappellent que la spiritualité peut renforcer les ambitions civiques et artistiques d’une jeunesse tournée vers l’avenir.