Médard Milandou Nsonga au sommet du CSLC
Le 7 août 2025, un décret présidentiel a propulsé Médard Milandou Nsonga à la présidence du Conseil supérieur de la liberté de communication, organe clé du paysage médiatique congolais. Sa nomination intervient dans un contexte d’effervescence autour du droit d’informer.
Institutionnellement, le CSLC veille au pluralisme, à l’éthique et à la protection des journalistes. Plusieurs analystes estiment que son action gagnerait à être rendue plus tangible. « Je veux impulser un rythme nouveau, ouvert, moderne et pragmatique », aurait soufflé le nouveau président à ses proches.
Enjeux cruciaux pour la liberté de la presse
Au Congo-Brazzaville, la liberté d’expression constitue un pilier du vivre-ensemble. Les rédactions attendent un régulateur capable de sanctionner les dérives tout en défendant la pluralité des voix. La nomination de M. Milandou Nsonga nourrit l’espoir d’un CSLC plus proactif.
La protection des sources reste un chantier prioritaire. Reporters et photographes évoquent encore des intimidations dans l’exercice quotidien de leur métier. Un cadre réglementaire clair, appliqué avec constance, pourrait renforcer la confiance et limiter les autocensures.
Autre défi, l’accès équitable à l’information publique. Les rédactions provinciales réclament un meilleur accompagnement logistique afin de couvrir efficacement les décisions gouvernementales. Selon un rédacteur en chef de Pointe-Noire, « la transparence s’avère indissociable d’une démocratie apaisée ».
Indépendance institutionnelle et gouvernance
Garantir l’autonomie du CSLC face aux sensibilités politiques figure parmi les attentes récurrentes. La loi lui confère déjà un statut distinct ; il s’agit désormais de traduire cette indépendance dans les arbitrages quotidiens et les avis publics.
La gouvernance interne, fondée sur le consensus, gagnera à privilégier la consultation des syndicats de journalistes, associations de presse et organisations de la société civile. Ces concertations renforceront l’image d’un régulateur en phase avec son époque.
Virage numérique des médias congolais
Le dynamisme des médias en ligne constitue l’autre grand défi. Blogs, web-radios et plateformes vidéo occupent désormais l’espace public, souvent en temps réel. Leur intégration dans le périmètre réglementaire nécessite formation, équipements et accompagnement juridique.
Plusieurs jeunes rédactions digitales expérimentent des formats interactifs orientés data ou mobile. Le CSLC envisage d’organiser des ateliers afin d’aider ces équipes à concilier innovation éditoriale et respect des standards professionnels.
La cybersécurité devient également cruciale. Protéger serveurs, archives et données d’audience participe à la souveraineté numérique. Des partenariats techniques avec les opérateurs nationaux sont à l’étude pour sécuriser le contenu congolais en ligne.
Un homme de culture aux commandes
Médard Milandou Nsonga est issu du journalisme de terrain et demeure reconnu pour son charisme de maître de cérémonie. Il a fondé le festival Tam-Tam d’or, rendez-vous majeur de la musique congolaise, dont la dixième édition est annoncée pour 2026.
Son profil hybride, entre médias et promotion culturelle, apparaît comme un atout. Plusieurs artistes saluent « une sensibilité artistique capable d’écouter la jeunesse ». Le rapprochement entre scènes culturelles et médias pourrait générer de nouvelles collaborations.
La politique culturelle du pays, axée sur la valorisation des industries créatives, trouve ici un relais naturel. Le CSLC, en soutenant la diffusion équitable des œuvres, contribuera à l’essor d’une économie culturelle dynamique.
Attentes des rédactions et du public
Les journalistes souhaitent des signaux rapides : décisions motivées, accès aux audiences, statistiques publiques sur les plaintes traitées. Ces gestes concrets installeraient une confiance durable entre le régulateur, les professionnels et les citoyens.
Le public, pour sa part, attend une information fiable, diversifiée et accessible. Dans les quartiers populaires de Brazzaville, les émissions interactives font salle comble, preuve de l’appétit pour un débat respectueux et documenté.
Le CSLC peut encourager cette demande en promouvant la formation aux médias dans les écoles. Nourrir l’esprit critique dès le plus jeune âge restaure la crédibilité de l’ensemble de la chaîne d’information.
Perspectives pour le paysage médiatique
La nomination de M. Milandou Nsonga survient alors que la profession s’interroge sur son avenir. Entre mondialisation des contenus et particularisme local, le régulateur devra préserver l’identité congolaise tout en embrassant la modernité.
Des partenariats possibles avec l’UNESCO et les organisations régionales sont évoqués afin de mutualiser ressources et expertises. Le but : renforcer la résilience des médias face aux crises sanitaires, climatiques ou sécuritaires pouvant survenir.
En filigrane, un consensus émerge : la vitalité du secteur médiatique conditionne la vitalité démocratique et culturelle. En consolidant l’espace public, le CSLC joue un rôle d’équilibriste, respectueux des institutions et attentif aux attentes citoyennes.