Un calendrier qui met fin au flou stratégique
Le handball congolais traversait, depuis plusieurs mois, une zone d’incertitude institutionnelle. Avec la publication, par la nouvelle commission électorale indépendante, du chronogramme menant au congrès du 16 août, la discipline a enfin une boussole. Signé par l’avocat tunisien Mouadh Ben Zaied, représentant de la Fédération internationale et de la Confédération africaine, le document balise minutieusement chaque étape : avis de convocation, ouverture et clôture des dépôts de candidatures, examen des dossiers, affichage des listes, puis tenue du scrutin. Aux yeux de nombreux acteurs, cette feuille de route était indispensable pour restaurer la confiance érodée au fil des reports successifs.
L’arbitrage de la Ccas, une balise juridique toujours active
La sentence rendue le 13 octobre par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport avait retiré du corps électoral les voix de Cara, AVR et Petro Sport. En retour, elle avait enjoint le Comité national olympique et sportif congolais de mettre en place une commission réellement indépendante. C’est sur cette base que siège aujourd’hui l’équipe conduite par Me Ben Zaied. Toutefois, l’un des prétendants à la présidence, Avicenne Nzikou, rappelle que « poursuivre l’élection » signifie, selon lui, ne pas rouvrir les candidatures mais appliquer la sentence « stricto sensu ». Ce point d’interprétation cristallise le débat actuel : l’autorité arbitrale constitue-t-elle un verrou ou une boussole ? Le droit sportif, souvent fondé sur la recherche de la légalité procédurale plutôt que sur une jurisprudence univoque, laisse pourtant une marge de manœuvre à la commission, pourvu que la transparence soit garantie.
La posture de la commission : légalité et ouverture
Dans la déclaration officielle accompagnant le chronogramme, la commission affirme « jurer seulement sur la légalité ». Concrètement, elle s’appuie sur les statuts de la Fécohand, de la Cahb et de la FIH pour justifier la réouverture des listes. Les candidats ont jusqu’au 16 juillet 2025 à 17 h 30 pour déposer un dossier unique par liste. Ce délai relativement long est présenté comme une garantie d’inclusivité : aucune composante du handball national ne pourra dire qu’elle n’a pas eu le temps de se préparer. Derrière cette rhétorique, la commission cherche aussi à sanctuariser son autorité, indispensable pour mener le scrutin sans conteste.
Les candidats entre stratégie sportive et diplomatie interne
Avicenne Nzikou, dont la candidature était déjà annoncée lors du cycle précédent, incarne la frange qui exige l’application littérale de la sentence arbitrale. D’autres protagonistes, plus discrets pour l’heure, misent sur le nouveau calendrier pour élargir leurs alliances. Dans les coulisses, on évoque un nécessaire « pacte de non-agression verbale » afin de préserver l’image d’une discipline qui aspire à attirer de nouveaux partenaires privés. Plusieurs entraîneurs de ligues départementales insistent sur « la stabilité administrative indispensable à la relance des championnats jeunes ». La dynamique électorale devient ainsi un test grandeur nature : le handball saura-t-il transformer une crise institutionnelle en levier de développement ?
Enjeux nationaux : sport, cohésion et rayonnement international
Au-delà des considérations réglementaires, l’élection du 16 août s’inscrit dans la volonté plus large des autorités sportives congolaises d’offrir aux fédérations un cadre de gouvernance moderne, aligné sur les standards internationaux. Le ministère en charge des Sports, attentif à l’évolution du dossier, souligne régulièrement l’importance de la bonne gouvernance pour accéder à des financements dédiés aux infrastructures et aux programmes de formation. Dans un pays où le handball a longtemps servi de creuset à la cohésion de la jeunesse urbaine, la communauté des anciens internationaux plaide pour un « retour harmonieux des activités sur tout le territoire », condition sine qua non pour nourrir la compétition inter-clubs et assurer une présence durable sur la scène africaine.
Perspective : vers un scrutin apaisé ?
La publication du chronogramme ne dissipe pas toutes les interrogations, mais elle délimite enfin un horizon clair. Si les candidats parviennent à placer l’intérêt collectif au-dessus des rivalités, la Fédération congolaise de handball pourrait sortir renforcée de cette séquence. L’enjeu dépasse la désignation d’un bureau exécutif : il s’agit d’instaurer une culture du débat respectueux, conforme aux exigences modernes de la gouvernance sportive, et de raviver la ferveur des parquets d’Oyo à Pointe-Noire. À trois mois du coup de sifflet inaugural, le handball congolais tient sans doute son match le plus important hors du terrain.