Une sortie littéraire calée sur l’Histoire
La République du Congo se prépare à fêter, le 15 août, six décennies et demi de souveraineté. La veille, le 14 août, un autre rendez-vous symbolique aura lieu : la parution, chez L’Harmattan, du nouvel essai de Milie Théodora Miéré, « Culture ou cultures d’entreprise ».
En choisissant cette date, l’autrice souligne la résonance entre la construction nationale et la construction identitaire des organisations qu’elle décrypte. Elle propose un pont entre mémoire collective et management moderne, thème qui intéresse autant les décideurs congolais que les jeunes entrepreneurs africains en quête de repères culturels.
Le livre s’inscrit dans la collection « Dynamique d’Entreprises », connue pour lier théorie et terrain. L’annonce alimente déjà les fils d’actualité culturels, portée par une couverture épurée et un titre à double entrée qui interroge sur l’unité ou la pluralité des valeurs internes.
Plonger dans l’ADN des organisations
Milie Théodora Miéré effectue un retour historique sur les années quatre-vingt, période où la « culture d’entreprise » devient un mot à la mode dans les cercles de management. Elle examine comment les crises économiques d’alors ont poussé les dirigeants à chercher, dans les symboles, un nouveau moteur d’engagement.
Son hypothèse est claire : sans langage commun, aucune transformation durable n’est possible. Elle écrit que « la performance prend racine dans le récit que l’on partage » et déploie des études de cas français, anglo-saxons et africains pour montrer la circulation globale des représentations professionnelles.
Le texte insiste également sur la place du client, devenu co-auteur du mythe corporatif via les réseaux sociaux. Miéré démontre comment l’outil numérique redéfinit les frontières du bureau, rendant la culture d’entreprise plus poreuse, donc plus exigeante pour les communicants internes et externes.
Regards d’experts sur la culture d’entreprise
Contacté par nos soins, le consultant congolais Nathanaël Samba estime que « ce livre arrive à un moment charnière, où les entreprises africaines veulent conjuguer compétitivité et valeurs endogènes ». Pour lui, l’analyse historique proposée permettra aux DRH d’éviter l’imitation mécanique de modèles occidentaux.
La professeur ivoirienne Awa Diabaté, spécialiste des dynamiques de genre au travail, salue la place accordée aux représentations symboliques : « Comprendre comment une femme se voit dans l’entreprise, c’est déjà infléchir les politiques d’équité ». Elle encourage la diffusion du livre dans les écoles de commerce africaines.
En France, le sociologue Michel Bonnot note que « la recherche de Milie Miéré actualise un concept parfois galvaudé ». Il souligne la rigueur méthodologique, articulant archives, entretiens et observation participante, méthode prisée par les chercheurs du Laboratoire Larequoi auquel l’autrice est rattachée.
Un parcours académique au service de l’écriture
Née à Brazzaville, formée à Paris, Milie Théodora Miéré incarne la circulation des savoirs entre continents. Docteure en sciences de l’information et de la communication, elle est aujourd’hui maître de conférences hors classe HDR à l’Université de Versailles-Paris-Saclay, où elle dirige plusieurs thèses sur la transformation digitale.
Ses recherches au sein de la chaire « Réseaux & Innovations » interrogent les passerelles entre communautés virtuelles et gouvernance. En 2024, elle publiait « Réseaux numériques, téléphonie et mobilisation », ouvrage déjà adopté par plusieurs start-up africaines soucieuses de structurer leur communication interne sans renier leurs racines.
Cette productivité éditoriale s’explique par une méthode d’enquête de terrain régulière. L’autrice passe plusieurs semaines par an en entreprise, carnet à la main, observant réunions, pauses café, rituels subtils. « La culture se cache souvent dans ce qui semble anodin », confie-t-elle volontiers lors d’échanges universitaires.
Résonances congolaises et perspectives
Alors que Brazzaville multiplie, ces dernières années, les incubateurs et clusters innovants, l’ouvrage tombe à pic pour accompagner cet écosystème. Les jeunes diplômés y trouveront un cadre conceptuel facilitant la mise en place de valeurs communes, condition d’une croissance inclusive soutenue par les autorités.
Dès septembre, plusieurs librairies de la capitale prévoient des séances de dédicace hybrides, en présentiel et sur Instagram Live, afin de toucher la diaspora. Des discussions sont également ouvertes avec le ministère de la Culture pour intégrer le livre aux programmes de lecture des universités publiques.
Observateurs et lectrices attendent surtout les retours des premiers salariés congolais qui testeront les grilles d’analyse proposées. Une enquête de suivi est d’ailleurs planifiée par l’équipe de l’autrice pour mesurer, sur douze mois, l’impact du récit collectif sur la performance commerciale locale.
En définitive, « Culture ou cultures d’entreprise » s’inscrit dans la lignée des ouvrages qui placent l’humain au centre de la stratégie. Tout en adoptant une posture scientifique, Milie Théodora Miéré signe un texte accessible, trait d’union entre mémoire nationale et ambitions renouvelées du tissu économique congolais.
Déjà, des traductions anglaise et portugaise sont évoquées, afin d’accompagner la croissance des entreprises d’Afrique australe et des Grands Lacs. Si elles aboutissent, l’autrice deviendra l’une des voix africaines les plus diffusées sur la scène managériale internationale, renforçant le soft power congolais.