Une remise de diplômes au parfum d’avenir
Un doux vent venu du fleuve Congo effleurait le parvis du grand amphithéâtre de Kintélé, tandis que les toges grenat des lauréats étincelaient sous un ciel de saison sèche. Le 25 juillet, 405 étudiantes et étudiants, troisième promotion de l’Université Denis Sassou Nguesso (Udsn), ont solennellement franchi le seuil symbolique entre formation et vie professionnelle. La densité de l’auditoire – familles émus, corps professoral, autorités – rappelait combien l’enseignement supérieur concentre désormais les attentes d’une jeunesse désireuse de participer activement à la diversification de l’économie nationale.
Un campus stratégique au cœur de Kintélé
Inauguré en 2021, le campus de l’Udsn se déploie sur la rive droite du Djoué avec une ambition clairement formulée dès son acte fondateur : servir de tête de pont à la transformation structurelle du pays par le savoir. En trois ans, ses infrastructures se sont enrichies d’une École de mines, hydraulique et énergie, tandis que de nouveaux laboratoires équipés de spectromètres de pointe permettent des analyses adaptées aux réalités congolaises. Pour le président de l’université, le professeur Ange Antoine Abena, « l’heure n’est plus simplement à former, mais à innover pour et avec le territoire ».
Des résultats académiques en progression régulière
La statistique, souvent sèche, prend une tonalité presque lyrique lorsqu’elle traduit la persévérance : 294 admis sur 309 inscrits en licence, 95 admis sur 96 en master. À l’Institut supérieur d’architecture, d’urbanisme, de bâtiment et des travaux publics, le taux de réussite atteint même 100 %, performance que d’aucuns qualifient de « signal fort » pour le secteur des infrastructures. Les moyennes qui couronnent les majors – 15,53 pour Ngantso Anne Laure Emmanuelle en architecture, 15,41 pour Malonga Mpoussika Beldon en architecture paysagère design – attestent d’une exigence pédagogique alignée sur les canons internationaux.
Le pari de la professionnalisation
Au-delà de l’excellence académique, la cérémonie a mis en lumière la dimension résolument professionnalisante des cursus. Les travaux de fin d’études abordent des problématiques stratégiques : mobilité urbaine, aménagement côtier, conception du siège d’un ministère. Ces projets, conduits en lien avec des collectivités et entreprises, fonctionnent comme des laboratoires à ciel ouvert, offrant aux futurs ingénieurs et urbanistes une immersion dans les défis concrets du territoire. Trois meilleurs diplômés de chaque master intégreront dès la rentrée prochaine le personnel de l’Udsn, préfiguration d’un cercle vertueux entre formation, recherche et transfert de compétences.
Un engagement gouvernemental assumé
La présence du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, saluant « l’engagement du peuple à tendre vers l’excellence », illustre la priorité accordée au capital humain dans les politiques publiques. À ses côtés, la ministre de l’Enseignement supérieur, Emmanuelle Delphine Edith, a souligné que « l’Udsn atteint désormais son rythme de croisière ». Dans un contexte régional où la concurrence universitaire s’intensifie, ces propos réaffirment la volonté de l’État de consolider un pôle scientifique national en phase avec le Plan national de développement 2022-2026.
L’effet d’entraînement sur l’écosystème économique
Le président de l’Association des étudiants, Thierry Ngouama, a invité entreprises publiques et privées à recruter la « génération Théophile Obenga », baptisée ainsi en hommage au grand intellectuel congolais. Dans les travées, plusieurs directeurs de ressources humaines confiaient déjà étudier des partenariats pour des stages pré-embauche. L’université, en cultivant ses liens avec le tissu économique, entend renforcer la pertinence de sa formation. Cette synergie pourrait, à moyen terme, réduire la dépendance aux compétences étrangères dans des domaines clés comme l’énergie, la planification urbaine ou la gestion environnementale.
Perspectives et responsabilité sociétale
Si l’émotion dominait la remise des diplômes, la conscience des responsabilités futures affleurait dans chaque applaudissement. Les nouveaux alumni, façonnés par un enseignement qui conjugue rigueur scientifique et ancrage local, incarnent une relève attendue. Le professeur Abena résume l’état d’esprit : « Nos diplômés doivent devenir des passeurs de solutions, de l’aula universitaire vers la cité. » Leur parcours désormais s’ouvre dans un pays qui, parieront les plus optimistes, saura capitaliser sur cet investissement immatériel afin d’amplifier son essor vers l’émergence.