Un tourbillon médiatique autour d’un jet privé
Le 20 juin 2025, la salle de presse se retrouve sous tension alors que Thierry Lézin Moungalla, ministre de la Communication du Congo-Brazzaville, prend la parole. Il dénonce vigoureusement les rumeurs « xénophobes et sexistes » accusant Françoise Joly d’achats forfaitaires d’un jet Dassault. À en croire un article du 23 mai de Africa Intelligence, Joly aurait orchestré l’achat via des sociétés écrans et risquerait des poursuites judiciaires pour blanchiment. Cependant, aucune source judiciaire à Paris ou Brazzaville n’a corroboré ces affirmations, relayées massivement sur les réseaux sociaux sous forme d’images truquées.
Joly, architecte de la diplomatie économique congolaise
Avant cette vague de désinformation, le parcours de Françoise Joly s’inscrivait principalement dans la diplomatie économique. En juin 2024, à Astana, elle transmet un message du Président congolais à Kassym-Jomart Tokaïev, aboutissant à une déclaration d’intention d’investissement de la part du Kazakhstan. Plus tôt, elle facilitait la visite d’État de Denis Sassou-Nguesso à Bakou pour signer des accords bilatéraux stratégiques. En avril 2025, Joly est accueillie à Moscou pour discuter de financement énergétique, soulignant ainsi son rôle important dans l’intégration économique congolaise.
Le rôle de la désinformation genrée et raciste
Les accusations visant Françoise Joly dépassent le simple registre des faits. Elles exploitent la double nationalité de Joly, un outil déjà utilisé pour discréditer des leaders d’ascendance rwandaise. Le Centre pour l’Innovation en Politique et Recherche sur l’Afrique (CIPESA), dans un rapport de février 2025, souligne l’utilisation croissante de deepfakes pour discréditer les femmes en position de pouvoir. Le cas de Joly s’insère dans cette dynamique délétère où l’ethnicité et le genre sont employés comme des armes pour déstabiliser.
Du besoin vital de transparence politique
La transparence reste un impératif, mais elle doit reposer sur des preuves et non sur des suppositions. À l’heure actuelle, aucune preuve tangible n’établit de lien entre Joly et l’achat supposé d’un Falcon Dassault. Africa Intelligence, à l’origine de l’accusation, admet que Joly conserve la confiance présidentielle. Cette affaire illustre la facilité avec laquelle une conjecture peut s’amplifier en présence d’une infrastructure numérique favorable à la désinformation.
Se recentrer sur la pertinence stratégique
Les efforts de Thierry Lézin Moungalla pour défendre Joly ne traduisent pas uniquement un soutien personnel, mais soulignent une prise de conscience généralisée à Brazzaville quant à l’impact de la désinformation. En fin de compte, la pertinence des efforts diplomatiques de Joly se jugera par les résultats obtenus sur la scène internationale, plutôt que par des campagnes numériques agressives. Le chemin vers une engagement stratégique efficace implique de s’opposer fermement aux calomnies et de se concentrer sur les motivations politiques essentielles.