Un terrain de sport devenu agora citoyenne
Kinkala, capitale départementale du Pool, s’apprête à transformer son stade omnisport fraîchement réhabilité en forum de la concorde civique. Le 27 juillet 2025, la sélection du Pool affrontera celle du Djoué Lefini lors d’une rencontre amicale intégrée à la deuxième édition des Universités des jeunes du département. Au-delà du simple résultat sportif, l’initiative entend inscrire le football dans une politique publique de rapprochement social, encouragée par les pouvoirs locaux qui voient dans cette discipline un langage universel susceptible de dépasser clivages et défis post-conflit. L’enjeu, explicite, consiste à densifier le tissu relationnel entre communautés en inscrivant la pratique sportive dans le récit d’une paix consolidée.
Les Universités des jeunes : incubateur d’espoirs locaux
Lancée en 2023 à l’initiative du député Elbe Biscay Bidié, la plateforme des Universités des jeunes se présente comme un laboratoire d’idées et de projets adaptés aux réalités du Pool. Sa deuxième édition place résolument la culture et le sport au cœur des échanges, dans le prolongement des orientations départementales qui privilégient la participation citoyenne de la jeunesse. Selon le parlementaire, « il s’agit d’engendrer un climat favorable à la conception d’Activités Génératrices de Revenus en phase avec le potentiel local ». De l’agro-transformation du manioc aux micro-initiatives touristiques, l’objectif est d’amarrer la prospérité économique naissante à la stabilité sociale, convaincu qu’un sentiment d’appartenance partagé passe aussi par des opportunités concrètes de développement.
Le ballon rond comme diplomatie populaire
Le football, de par sa simplicité logistique et son indéniable capacité d’attraction, sert ici de diplomatie populaire. Les organisateurs misent sur ce sport-spectacle pour fédérer, le temps d’un après-midi, des publics souvent éloignés les uns des autres par la géographie ou l’histoire récente. La présidente du conseil municipal, Mme Edwige Ndebeka Biyengui, rappelle que « le ballon demeure l’outil le plus immédiat pour susciter l’émotion partagée ». Sous les regards d’observateurs nationaux et de représentants associatifs, chaque passe se veut message de confiance, chaque but l’écho d’une citoyenneté retrouvée. Cette logique d’“inclusion par le terrain” trouve un écho favorable auprès d’une jeunesse avide d’espaces d’expression pacifique.
Une opération salubrité, symbole d’appropriation collective
À Kinkala, la préparation de l’événement a commencé bien avant le coup d’envoi. La maire, également présidente de la commission assainissement, a mobilisé volontaires, agents municipaux et associations pour une vaste opération de propreté. Tribunes récurées, aire de jeu nivelée, abords désherbés : le stade fait peau neuve, au point de pouvoir, selon M. Lié Bidié Banzouzi, « accueillir des compétitions d’envergure nationale ». Au-delà de l’esthétique, l’effort collectif matérialise l’appropriation populaire d’un équipement public. Dans la mémoire locale, cette journée de salubrité élève la notion de service commun au rang de valeur cardinale, rappelant qu’une infrastructure sportive s’inscrit d’abord dans la continuité des liens sociaux qu’elle contribue à forger.
Des retombées économiques attendues
La rencontre devrait attirer des visiteurs venus des localités voisines, offrant un surcroît d’activité aux vendeurs ambulants, artisans et opérateurs de transport. Les Universités des jeunes prévoient d’ailleurs un espace d’exposition dédié aux porteurs de micro-projets, vitrine informelle où s’esquissent coopératives agricoles et plateformes numériques de commercialisation. Pour la chambre de commerce départementale, ces flux constituent un test grandeur nature : jauger la capacité des acteurs locaux à répondre, par l’offre de biens et services, à une demande soudain accrue. Dans une conjoncture où la diversification économique est érigée en priorité nationale, toute expérimentation qui articule dynamisme entrepreneurial et stabilité sociale recueille l’appui des autorités.
La paix comme horizon partagé
À travers ce match, les organisateurs entendent rappeler que la paix n’est jamais un acquis définitif mais une dynamique quotidienne. Entre applaudissements dans les gradins et accolades d’après-match, c’est la dramaturgie entière de la réconciliation qui se joue en miniature. Les représentants des collectivités, les notables et la jeunesse convergeront vers ce stade devenu symbole, illustrant la volonté du Pool de se penser non plus comme périphérie mais comme laboratoire d’un vivre-ensemble résolument tourné vers l’avenir. Si le sport n’a pas vocation à résoudre, à lui seul, les défis structurels, il offre un récit fédérateur, capable de transformer la mémoire des difficultés passées en énergie positive. C’est cette perspective, mêlant ambition économique, solidarité civique et affirmation culturelle, que Kinkala entend donner à voir, ballon au pied.