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    Home»Littérature»Disparition de Martial Sinda, silence écrit fort
    Littérature

    Disparition de Martial Sinda, silence écrit fort

    Rédacteur Brazz'ArtDe Rédacteur Brazz'Artjuillet 21, 2025Aucun commentaire4 Mins de Lecture4 Vues
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    Une figure tutélaire de la poésie congolaise

    La nouvelle est tombée avec la dignité feutrée des grandes bibliothèques : Martial Sinda, né en 1935 à M’bamou-Sinda, s’est éteint dans la nuit du 16 au 17 juillet à son domicile parisien. La disparition de cet homme de lettres, doyen discret mais déterminé, résonne bien au-delà du cercle des spécialistes. Œuvre littéraire, engagement spirituel et parcours transcontinental se nouent chez lui en une partition totale où la rigueur universitaire épouse l’élan poétique. Comme le rappelle le critique Édouard Mankessi, « Sinda fut un pont plus qu’un totem : il ouvre des passages, il ne fixe pas des idoles ».

    Son premier recueil, Premier chant du départ, publié chez Seghers en 1955, accompagna l’éveil des consciences dans l’Afrique équatoriale française. Dans ses vers, la révolte anticoloniale se teinte d’une quête d’humanité partagée, ce qui lui valut, paradoxalement, d’être à la fois salué par l’institution – Grand Prix littéraire de l’AEF en 1956 – et d’être perçu par quelques administrateurs comme « un subversif à la plume policée ». Cette tension féconde deviendra la signature de son trajet intellectuel.

    Du Pool à Paris, itinéraire d’un adolescent studieux

    L’émergence de Sinda est indissociable de l’ascèse scolaire voulue par son père, chef matsouaniste convaincu qu’un Congo moderne ne saurait se construire sans élite domestique aguerrie. Inscrit dans une école réservée aux Européens à Kinkala, le jeune Martial partage la sixième avec André Milongo, futur Premier ministre. À treize ans, il embarque pour la France et découvre le collège de La Châtre ; l’hexagone deviendra son laboratoire intellectuel permanent.

    Dans les couloirs feutrés de la librairie Présence Africaine, il fraternise avec Senghor, Leiris ou Sartre, respirant l’effervescence d’une capitale où l’anticolonialisme se forge aussi dans les cafés littéraires. Ce maillage relationnel déploie devant lui l’espace d’un cosmopolitisme qu’il épousera sans jamais abdiquer ses racines bantoues.

    Poétique de la négritude et audace identitaire

    La postérité retiendra surtout la densité verbale d’une poésie qui unit éthique et musique intérieure. Chez Sinda, la négritude n’est ni drapeau brandi ni slogan figé : elle devient expérimentation linguistique, scansion d’une mémoire commune et appel constant à la responsabilité individuelle. Le professeur Félix Malela note que « l’écriture de Sinda refuse le folklore, elle convoque l’épopée ».

    Cette exigence littéraire progresse de concert avec une audace identitaire qui se veut inclusive. Le poète opposait à l’assignation univoque l’image d’un carrefour où le Bantou dialogue avec l’universel. D’aucuns y ont vu une posture messianique ; lui préférait parler de « responsabilité partagée devant l’Histoire ». C’est précisément cette posture qui justifia son audience privée auprès de Pie XII en 1956, événement rare pour un intellectuel africain à l’époque.

    Le professeur et l’historien, passeur de mémoire

    Au-delà du poète, le professeur honoraire d’histoire contemporaine à la Sorbonne a formé plusieurs générations d’étudiants venus d’Afrique centrale et d’ailleurs. Son séminaire, réputé pour son austérité bienveillante, s’ouvrait souvent par une maxime en lari avant de s’achever sur un rappel méthodologique implacable. L’historien Michel Duterme se souvient : « Il n’évaluait pas seulement des dissertations, il évaluait la droiture de la méthode. »

    Le souci de précision, hérité de la rigueur archivistique française, n’empêchait pas l’enseignant d’insuffler une vision comparatiste qui rapprochait la destinée congolaise des grandes questions mondiales : migrations, métissages, résistances spirituelles. Ce regard l’a conduit, en 2011, à être fait docteur honoris causa de l’université Simon Kimbangu, couronnant ses recherches sur les religions de libération.

    Espérance mystique et dialogue des cultures

    L’œuvre de Sinda se nourrit d’une fibre mystique souvent sous-estimée. Héritier du matsouanisme paternel, familier des psaumes catholiques et admirateur de la cosmogonie kimbanguiste, il tisse une théologie poétique où se rencontrent prophétisme bantou et universalité chrétienne. En témoigne son poème Évangile au tam-tam, qui oscille entre oratorio et légende orale.

    Cette fusion nourrit un discours de concorde qui trouve un écho particulier dans le Congo contemporain, engagé dans la promotion de la cohésion nationale. Le ministère congolais de la Culture, par la voix de son porte-parole, a salué « un artisan majeur du dialogue des cultures dont l’exemple inspire la jeunesse », rappelant la volonté institutionnelle de préserver et diffuser cet héritage.

    La postérité, enjeu de patrimoine littéraire national

    La question désormais ouverte est celle de la circulation de l’œuvre. Plusieurs maisons d’édition congolaises se déclarent prêtes à republier ses recueils, parfois épuisés. L’université Marien-Ngouabi envisage la création d’une chaire Martial-Sinda consacrée aux littératures africaines comparées, initiative soutenue par des organismes internationaux.

    Pour les jeunes auteurs du Pool, la figure de Sinda offre un modèle d’indépendance critique sans rupture avec les institutions. Le journaliste culturel Alain Mabiala résume : « En respectant l’État et en interpellant la conscience, Sinda a montré qu’une plume peut rester libre tout en demeurant constructive. » Par-delà la mort, le silence du poète continue donc d’écrire le futur.

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