Une décision arbitrale scrutée par le continent
Au terme d’un suspense nourri par les méandres de la procédure sportive internationale, le Tribunal arbitral du sport a rendu son verdict le 21 juillet 2025. Confirmant la qualification des Diables rouges pour la phase finale du Championnat d’Afrique des nations 2024, l’instance lausannoise a clos un chapitre riche en conjectures, autant dans les tribunes que sur les réseaux sociaux. Pour Brazzaville, cette issue signifie bien plus qu’une simple victoire procédurale : elle réaffirme le sérieux de la Fédération congolaise de football, soutenue dans ses démarches par des autorités sportives attentives aux valeurs d’équité qui régissent la compétition continentale.
Le contexte juridique d’un litige singulier
L’affaire a débuté sur la pelouse mais s’est prolongée dans les cabinets d’avocats. Après un score cumulé favorable (0-0 à l’aller, 2-1 au retour), le Congo avait décroché son billet pour le CHAN, avant de voir celui-ci suspendu à la suite d’une réclamation équato-guinéenne. La Fédération de Malabo arguait d’une prétendue irrégularité d’éligibilité, attaquant ainsi la décision initiale du jury disciplinaire de la Confédération africaine de football. Le recours au TAS, ultime juridiction du mouvement olympique, témoigne de l’importance symbolique du CHAN pour des sélections composées exclusivement de joueurs évoluant sur leur sol national, un miroir de la vitalité des championnats domestiques.
Japhet Mankou, figure d’une controverse règlementaire
Au cœur de la contestation, le défenseur Japhet Mankou portait la charge involontaire de représenter les subtilités des règlements. La partie plaignante soutenait que l’intéressé ne satisfaisait pas le critère d’appartenance exclusive au championnat congolais. La Fécofoot a opposé une documentation jugée irréfutable par le TAS, démontrant la régularité du parcours du joueur dans le club de Pointe-Noire. Pour nombre d’observateurs, cette décision souligne la nécessité de procédures administratives exhaustives, capables de préserver la réputation des footballeurs locaux dont les carrières sont souvent façonnées loin des projecteurs médiatiques.
Résonances nationales et diplomatiques
Au-delà de l’issue sportive, la sentence arbitrale comporte une dimension diplomatique non négligeable. Les compétitions africaines, catalyseurs d’identité collective, se muent fréquemment en terrain d’affirmation pour les États. À Brazzaville, la nouvelle a été accueillie avec un mélange de soulagement et d’enthousiasme, saluée par des responsables qui y voient la confirmation d’un engagement continu pour le développement du sport. Dans un climat régional où les litiges sont parfois instrumentalisés, la posture mesurée des parties, ainsi que la diligence institutionnelle du TAS, a été perçue comme un signal de maturité du football continental.
Une leçon de gouvernance sportive
La Fédération équato-guinéenne se voit par ailleurs condamnée à assumer les frais de justice et à verser une indemnité partielle de 4000 francs suisses à son homologue congolaise. Sans triomphalisme, la direction de la Fécofoot insiste sur une lecture constructive de la sentence, qu’elle présente comme une invitation à renforcer les dispositifs de conformité interne. Pour les juristes sportifs, l’affaire rappelle que la transparence documentaire est devenue la clef de voûte des compétitions régionales, condition sine qua non d’une crédibilité chère aux bailleurs de fonds et aux diffuseurs audiovisuels.
Vers une préparation sereine des Diables rouges
Libérée des incertitudes judiciaires, la sélection congolaise peut désormais concentrer ses énergies sur la dimension purement sportive du CHAN. Le sélectionneur entend capitaliser sur l’élan psychologique né de la décision lausannoise pour affiner une cohésion déjà perceptible lors des éliminatoires. Les observateurs s’accordent à dire que la formation, forte d’un vivier local rajeuni, dispose d’atouts tactiques susceptibles de surprendre nombre d’adversaires. Dans les travées du Stade Massamba-Débat, on évoque avec prudence l’ambition d’un parcours prolongé, tout en soulignant qu’une discipline rigoureuse et une gestion optimale des émotions demeureront les garanties d’une performance à la hauteur des attentes populaires.