Le Carnaval touristique de Brazzaville se précise
Le 27 septembre, Brazzaville s’apprête à battre au rythme d’un défilé haut en couleur. Wild Safari Tours, en partenariat avec l’Office de la promotion de l’industrie touristique, lance un Carnaval touristique pensé pour séduire voyageurs, créatifs et curieux autour du patrimoine congolais.
L’événement s’inscrit dans la Journée internationale du tourisme, fête planétaire rappelant l’impact social, culturel et économique des voyages. Brazzaville y voit l’occasion de se positionner comme carrefour d’influences africaines, à deux pas du fleuve puissant qui porte son histoire.
Francel Emerancy Ibalank, président-directeur général de Wild Safari Tours, promet une « célébration de la diversité qui donnera envie de parcourir le pays entier », tout en rappelant que l’accès sera gratuit afin de mobiliser toutes les couches de la population.
Les atouts d’une vitrine culturelle
Le carnaval entend conjuguer arts de la rue, danse traditionnelle, scénographie contemporaine et gastronomie. Chaque char racontera une région : masques teke, rythmes kongo, étoffes mbochi ou gravures des plateaux batéké, offrant au public une carte postale vivante du Congo pluriel.
Les organisateurs misent aussi sur la musique live. Des formations de rumba, patrimoine immatériel mondial, partageront la scène avec des groupes de trap ou d’afro-fusion, illustrant la manière dont la jeunesse congolaise réinterprète ses racines sans jamais rompre le fil de la mémoire.
Cette abondance visuelle et sonore devrait nourrir la stratégie de communication numérique déployée pour l’occasion. Photos et vidéos haute définition seront diffusées sur les réseaux sociaux afin de toucher la diaspora et d’attirer les backpackers occidentaux en quête d’expériences authentiques.
Un moteur pour l’économie créative congolaise
Les autorités touristiques estiment que chaque visiteur dépense en moyenne soixante-quinze dollars par jour. Un afflux supplémentaire pendant la haute saison pourrait dynamiser les hôtels, les ateliers de couture, les entreprises de transport fluvial et l’artisanat, tout en générant des emplois temporaires pour les jeunes.
Selon l’Opit, le secteur contribue déjà à 3,5 % du PIB national. À terme, l’objectif est d’atteindre 10 % en dix ans, grâce à des festivals réguliers, à la route des parcs nationaux et au développement du tourisme d’affaires lié aux ressources naturelles.
L’économiste culturel Charles Mabika note qu’« un carnaval réussi crée un écosystème circulaire où la dépense culturelle reste dans le territoire et stimule d’autres initiatives, de la production de contenu à la vente de souvenirs ». Le pari est donc avant tout structurel.
Vers un tourisme durable et inclusif
Le plan d’action intègre des critères écologiques stricts. Les chars utiliseront du bois certifié, les décors emploieront des pigments non toxiques et un partenariat avec le laboratoire municipal prévoit le tri sélectif des déchets produits pendant le défilé.
Pour encourager l’inclusion, des associations de personnes en situation de handicap ont été sollicitées. Certaines animeront même des ateliers de fabrication de percussions adaptées, rappelant que l’accessibilité est désormais un indicateur essentiel dans la mesure de la performance touristique mondiale.
Wild Safari Tours affirme vouloir compenser l’empreinte carbone des visiteurs internationaux en finançant la plantation de deux mille arbres dans la réserve de Léfini. Ce geste symbolique doit conforter le positionnement du Congo comme destination nature préservée.
Paroles d’organisateurs et d’artistes
Pour Merveille Banzouzi, directrice marketing de l’Opit, « le carnaval servira de laboratoire à ciel ouvert pour tester de nouveaux circuits urbains reliant musées, galeries et fresques murales ». Elle évoque déjà des circuits guidés en QR codes, traduits en cinq langues.
Le chorégraphe Michel Tchicaya, pressenti pour ouvrir le défilé, souligne que « l’espace public devient scène, et le citoyen acteur ». Son collectif travaille sur une performance mêlant sanzas amplifiées et breakdance, symbole d’une créativité qui traverse les frontières générationnelles.
Du côté des artisans, Mama Clodette, céramiste de Makélékélé, espère voir « les visiteurs repartir avec des objets qui portent l’âme du fleuve ». Elle a doublé sa production de calebasses émaillées, convaincue que l’événement marquera un tournant pour l’économie informelle locale.
Un rendez-vous porteur d’espoirs
Au-delà du spectacle, le carnaval agit comme test grandeur nature pour l’organisation d’événements de portée continentale. Brazzaville envisage déjà une candidature pour accueillir, dès 2025, la Semaine africaine de la culture urbaine, initiative soutenue par l’Union africaine.
Les partenaires institutionnels tablent sur un héritage matériel : infrastructures de sonorisation restaurées, signalétique touristique modernisée et création d’un centre de formation aux métiers de l’événementiel, destiné à pérenniser les savoir-faire mobilisés pour le carnaval.
Si les ambitions se concrétisent, le 27 septembre pourrait rester comme la date où musique, artisanat et écologie ont convergé pour redessiner l’image du Congo. Une fête, mais aussi une feuille de route vers un futur où le voyage rime avec fierté nationale.