Un engagement onusien renouvelé à Brazzaville
Dans le grand amphithéâtre du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement, Adama-Dian Barry, a posé sa signature au bas d’un accord qui fait déjà figure de jalon historique. Le geste est symbolique : il consacre l’adhésion pleine et entière du PNUD à la mise en œuvre de la Politique nationale de l’innovation, adoptée tout récemment par le gouvernement congolais avec l’aval des acteurs scientifiques et économiques. L’organisme onusien s’engage ainsi à accompagner, jusqu’en 2030, la formation des talents et la structuration des institutions appelées à porter la créativité congolaise. « La force des idées peut transformer notre économie », a insisté Mme Barry, faisant écho à l’ambition présidentielle de diversifier la matrice productive nationale.
Du concept à l’action : cap sur la diversification économique
Initiateur du « Programme Congo créatif 2030 », le ministère dirigé par Rigobert Maboundou entend traduire une ambition politique en réalité tangible. Lors de la cérémonie, le ministre a rappelé que la science et la technologie constituent aujourd’hui les vecteurs les plus sûrs de compétitivité, notamment pour les États dépendants de ressources extractives. La nouvelle feuille de route s’appuie sur la Politique nationale de la recherche scientifique et de l’innovation, validée en novembre 2022, et vise à instituer l’innovation non plus comme une exception, mais comme une pratique gouvernementale systémique. L’objectif déclaré est clair : rééquilibrer la balance économique vers les secteurs créatifs et numériques, tout en consolidant la résilience du pays face aux chocs extérieurs.
AccLab : cartographie d’un potentiel souvent méconnu
Depuis 2019, le réseau mondial AccLab du PNUD déploie 270 spécialistes dans près de 90 pays afin de capter les solutions locales les plus prometteuses. Au Congo, cette cellule d’exploration a déjà recensé plus de 250 initiatives allant du recyclage intelligent de déchets plastiques à la conception d’applications de télémédecine adaptées aux réalités rurales. Cette base de données, loin d’être une simple vitrine, sert désormais de socle empirique pour affiner les politiques publiques. En révélant la densité du tissu inventif, elle justifie le saut d’échelle proposé par le programme et conforte la jeunesse congolaise dans son rôle de protagoniste du changement.
UniPod : futur épicentre de l’ingénierie créative
Au cœur du dispositif trône le futur Centre national de l’innovation, baptisé UniPod. Conçu comme une ruche mêlant laboratoires de prototypage, studios de design numérique et espaces de mentorat entrepreneurial, cet établissement ambitionne de fédérer les universités, les start-up et les investisseurs autour de projets à forte valeur ajoutée. Selon les premières projections, UniPod devrait héberger quelque 500 résidents permanents et accueillir chaque année près de 3 000 apprenants en formation continue. Son architecture, largement inspirée des tiers-lieux africains les plus performants, mise sur la modularité et l’auto-gouvernance, gages d’une agilité indispensable à la compétitivité mondiale.
Financement croisé et partenariats stratégiques
Si le PNUD apporte un concours technique et financier déterminant, le succès du programme repose sur une mobilisation élargie. Rigobert Maboundou a appelé, d’une même voix, bailleurs bilatéraux, entreprises nationales, diaspora, universités et société civile à rejoindre la dynamique. Le modèle de financement prévoit des mécanismes hybrides : subventions d’amorçage, lignes de crédit bonifiées pour les PME innovantes, et fonds de capital-risque public-privé. Cette ingénierie financière doit garantir la pérennité des structures créées tout en limitant la dépendance à l’aide extérieure.
La jeunesse, pilier d’une diplomatie de la connaissance
Au-delà des sites pilotes qui verront le jour à Brazzaville et Pointe-Noire, le programme cible les départements ruraux, convaincu que l’innovation n’est pas l’apanage des seules métropoles. Les jeunes porteurs de projets y trouveront un accompagnement personnalisé, allant de la protection de la propriété intellectuelle au maillage commercial régional. « Nous devons considérer nos idées comme un capital exportable », a observé un développeur présent lors de la signature. En capitalisant sur l’énergie créatrice des moins de 35 ans, le Congo veut s’affirmer comme un hub francophone de la diplomatie de la connaissance.
Vers 2030 : trajectoire alignée sur les agendas internationaux
La trajectoire Congo créatif 2030 s’inscrit dans une convergence heureuse avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de développement durable des Nations unies. Les indicateurs de suivi – taux de brevets déposés, contribution des industries créatives au PIB, emplois qualifiés générés – seront rendus publics chaque année afin de garantir la transparence et d’ajuster la gouvernance en temps réel. À terme, l’ambition est double : offrir à la jeunesse congolaise les outils d’un avenir maîtrisé et positionner le pays comme partenaire incontournable des chaînes de valeur numériques et culturelles. Entre volontarisme institutionnel et effervescence citoyenne, Brazzaville parie sur la puissance du code, du design et de la science pour se hisser durablement sur la carte mondiale de l’innovation.