Une suspension onéreuse, héritage de 2017
Le 25 juillet, dans les salons feutrés du siège de la FIBA Afrique à Abidjan, Fabrice Makaya Mateve a avancé ses pions avec la conviction d’un meneur de jeu en fin de possession. Depuis l’annulation de la Coupe d’Afrique des nations 2017 que Brazzaville devait accueillir, le Congo s’est vu infliger une amende de 800 000 dollars et une exclusion de toutes les compétitions internationales. Sept années plus tard, la sanction demeure l’un des contentieux financiers les plus lourds supportés par une fédération sportive du continent. « Nous ne contestons ni le principe ni le montant, mais la nécessité d’un échéancier réaliste », souligne un membre du comité exécutif, conscient que le passif ne saurait se régler en un tir primé au buzzer.
Diplomatie sportive et réchauffement institutionnel
La présence du président de la Fécoket au congrès de mi-mandat marque un tournant dans les relations avec l’instance continentale. L’arrivée de Fabrice Makaya Mateve, élu en septembre 2024, traduit une volonté de renouveler le langage diplomatique. « Le temps de la crispation est derrière nous », confie-t-il, rappelant que le gouvernement congolais a validé le principe d’un plan d’étalement de la dette. Dans les couloirs d’Abidjan, certains responsables évoquent déjà la possibilité d’une réintégration progressive, à la faveur d’une première tranche de paiement et de la présentation d’un calendrier crédible pour solder le reliquat. Au-delà de la levée de la sanction, c’est l’image d’un pays respectueux de ses engagements internationaux qui se joue.
L’enjeu de la formation des cadres techniques
Profitant du même déplacement, la délégation congolaise a soumis à la FIBA plusieurs requêtes en matière de formation, qu’il s’agisse de stages pour arbitres francophones, de certifications d’entraîneurs ou d’ateliers sur la gouvernance associative. Cette stratégie s’inscrit dans le sillage du Plan national de développement du sport adopté à Brazzaville, lequel met l’accent sur le renforcement des compétences plutôt que sur la seule construction d’infrastructures. « La sanction nous a certes tenus éloignés des parquets internationaux, mais elle a aussi créé un sursaut interne », estime un formateur de la Ligue de Pointe-Noire. Selon lui, une cohorte de jeunes coaches a déjà suivi, avec le concours du ministère de la Jeunesse et des Sports, des modules sur l’analyse vidéo et la préparation mentale, compétences désormais indispensables dans le basket moderne.
Jeunesse congolaise et imaginaires collectifs
Le basketball demeure l’un des sports urbains les plus prisés par la jeunesse congolaise, à mi-chemin entre expression culturelle et vecteur de cohésion sociale. À Brazzaville comme à Dolisie, les playgrounds improvisés racontent une sociabilité où le panier de fortune devient micro-théâtre des aspirations contemporaines. La suspension internationale pèse toutefois sur les rêves de carrière des meilleurs prospects, contraints de se tourner vers le championnat gabonais ou les académies africaines soutenues par la NBA. « Le Congo ne peut pas rester éternellement hors-jeu », résume sous couvert d’anonymat un haut cadre du ministère, rappelant que la diplomatie sportive constitue un outil complémentaire de l’action extérieure, aux côtés de la musique ou de la littérature.
Horizons financiers et réalpolitik du parquet
Le règlement de l’amende soulève inévitablement la question des ressources. Les recettes de billetterie, marginales, ne suffiront pas ; le recours au sponsoring privé apparaît incontournable. Des négociations sont en cours avec un consortium bancaire sous-régional qui verrait d’un bon œil l’affichage de sa marque sur les maillots de la future sélection nationale. Parallèlement, la Fécoket explore la piste d’un partenariat public-privé pour rénover le palais des Sports de Kintélé, infrastructure héritée des Jeux africains de 2015. Observateurs et acteurs économiques convergent sur un point : le règlement progressif de la dette pourrait devenir la carte maîtresse d’un plan de relance du basket congolais, basculant la sanction en opportunité de modernisation. Au terme du congrès d’Abidjan, rien n’est officiel, mais le Maroc, l’Angola et le Sénégal se sont déclarés favorables à la réintégration du Congo dès la saison 2025-2026, conditionnée à la signature d’un protocole financier. En coulisses, on murmure que la FIBA serait prête à convertir une partie de la pénalité en programmes de développement ciblés, si Brazzaville honore les premières échéances dès la fin de l’année.