Brazzaville, futur épicentre des affaires francophones
À Abidjan, lors de la session du Forum international des entreprises francophones clôturée le 28 mai 2025, les délégués du Groupement du patronat francophone ont arrêté un choix hautement symbolique : la capitale congolaise accueillera en mai 2026 la septième édition de ce rendez-vous économique. La décision, saluée par des applaudissements nourris, illustre la confiance accordée à Brazzaville pour incarner, le temps d’une semaine, le carrefour des échanges et des innovations dans l’espace francophone.
Elle intervient à un moment charnière où le Congo, en quête d’une diversification de son tissu productif et de capitaux internationaux, multiplie les manifestations de rayonnement. Après la Rencontre des entrepreneurs francophones accueillie plus tôt, l’annonce du FIEF conforte une trajectoire que les observateurs décrivent comme une stratégie cohérente d’affirmation régionale.
Jean-Daniel Ovaga, architecte d’une candidature victorieuse
Président du Conseil d’administration de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo et promoteur de la Clinique Securex, le Dr Jean-Daniel Ovaga s’est imposé comme la figure de proue de cette conquête diplomatique. Depuis Abidjan, il a défendu la candidature congolaise avec un argumentaire axé sur la stabilité macro-économique, les infrastructures de communication en plein renouvellement et l’hospitalité congolaise réputée.
Le directoire du patronat francophone l’a nommé, dans la foulée, commissaire général du FIEF 2026. « Notre ambition est de faire de Brazzaville la capitale des affaires francophones, ne serait-ce qu’une semaine, afin de laisser une empreinte durable sur l’écosystème régional », confie-t-il. Son mandat s’annonce dense : établir un cahier des charges partagé, mobiliser les opérateurs locaux et assurer la convergence de partenaires publics et privés.
Un événement porteur pour la diplomatie économique congolaise
Reçu en audience le 3 juillet 2025 par le ministre de l’Économie, du Plan, de l’Intégration régionale et de la Statistique, Ludovic Ngatsé, le commissaire général a présenté les conclusions de la session ivoirienne et détaillé les premiers jalons. Le ministre a souligné que « la tenue de cet événement majeur renforcera l’image du Congo comme hub d’affaires en Afrique centrale et consolidera son rôle actif au sein de la Francophonie économique ».
Au-delà des formules diplomatiques, les observateurs y voient un outil de soft power : attirer investisseurs et décideurs, valoriser les réformes structurelles, et inscrire le pays dans la cartographie des destinations privilégiées pour les forums de haut niveau. En creux, il s’agit aussi de capitaliser sur l’adhésion du Congo à l’Organisation internationale de la Francophonie et sur ses réseaux bilatéraux avec le Canada, la France ou encore la Côte d’Ivoire.
Feuille de route ministérielle et coordination inter-institutions
Le succès annoncé du FIEF 2026 repose sur la cadence d’une coordination institutionnelle millimétrée. Le Dr Ovaga a déjà entamé des échanges avec le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, celui du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, ainsi que le Ministère de la Coopération internationale. Objectif : aligner les soutiens logistiques, sécuritaires et protocolaires indispensables à l’accueil de plusieurs centaines de décideurs.
Les premières missions exploratoires du directoire du patronat francophone sont attendues à Brazzaville dans les prochains mois. Elles évalueront la capacité hôtelière, la connectivité aérienne et l’offre de salles de conférence. En coulisses, des discussions pointues portent déjà sur un éventuel village d’affaires, destiné à mettre en lumière les succès locaux de l’agro-industrie, du numérique et des services de santé.
Synergie public-privé, clef de la réussite logistique
Les organisateurs misent sur un modèle de gouvernance partagée, où le secteur privé assure la programmation des panels et la mobilisation des sponsors, tandis que les autorités garantissent la fluidité administrative et la sécurité. Une telle répartition des rôles, éprouvée lors de récents sommets à Kigali ou Dakar, s’avère décisive pour la crédibilité d’un forum international.
D’ores et déjà, l’Union nationale des opérateurs économiques a ouvert un guichet destiné aux PME locales afin qu’elles puissent proposer des services traiteur, des solutions de transport ou des produits culturels. La création de cette plate-forme veut éviter l’effet vitrine sans retombées et assurer que les acteurs congolais profitent, en première ligne, du flux de visiteurs et de contrats potentiels.
Un horizon ouvert pour l’entrepreneuriat local
L’arrivée du FIEF devrait s’accompagner de séminaires de renforcement des capacités, de sessions B2B ciblées et d’un concours d’innovation réservé aux startups francophones. Au-delà de l’effet d’annonce, ces dispositifs sont conçus pour faire émerger des alliances durables et des transferts de compétences.
Les jeunes entrepreneurs, particulièrement attentifs aux enjeux de financement et de mentorat, entrevoient déjà dans ce forum une rampe de lancement. La perspective d’échanges directs avec des fonds d’investissement basés à Montréal, Paris ou Casablanca confère à l’édition de Brazzaville une dimension quasi stratégique pour la nouvelle génération économique congolaise.
Vers une inscription durable dans l’agenda francophone
Au-delà de l’édition 2026, les autorités et l’Unoc envisagent de hisser Brazzaville au rang de site récurrent pour les grands rendez-vous francophones, à l’image de Davos pour le Forum économique mondial. La réussite du FIEF pourrait servir de rampe de lancement à d’autres manifestations sectorielles, consacrées aux industries créatives ou aux technologies vertes.
En misant sur une diplomatie économique constante, le Congo espère tisser un maillage d’opportunités qui dépassera le strict calendrier du forum. L’enjeu est de créer un climat d’affaires dont les bénéfices irrigueront durablement les PME locales, soutiendront la diversification de l’économie et renforceront le positionnement du pays comme pont naturel entre l’Afrique centrale et la vaste communauté francophone.