Une dynamique internationale au service de la jeunesse
Brazzaville a accueilli avec un enthousiasme palpable la délégation conduite par la représentante de l’Unesco au Congo, Fatoumata Barry Marega. Après plus d’une semaine d’immersion à Shenzhen, foyer de l’innovation mondiale, cinq lycéens et leurs enseignants ont regagné le pays en portant dans leurs bagages bien plus que des souvenirs : des compétences pointues en codage et en intelligence artificielle, acquises dans le cadre du programme Unesco-Codemao. Cette initiative multilatérale, qui associe depuis 2018 l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture à la start-up technologique chinoise Codemao, vise à démocratiser l’apprentissage des langages numériques tout en favorisant le dialogue interculturel.
L’intelligence artificielle, nouveau langage académique
Au-delà des rudiments du code, les participants ont exploré l’apprentissage automatique, les réseaux neuronaux et le traitement du langage naturel, autant de domaines essentiels pour comprendre les mutations industrielles contemporaines. « Nos élèves ont démontré qu’ils pouvaient rivaliser avec leurs pairs d’Asie sur des sujets complexes », souligne Fatoumata Barry Marega, saluant la capacité d’adaptation de jeunes âgés de seize à dix-huit ans. Le programme, mêlant ateliers pratiques et conférences, reflète la priorité donnée par les autorités congolaises à la modernisation de l’enseignement scientifique, priorité également inscrite dans la feuille de route numérique du continent (Union internationale des télécommunications, 2023).
Des lycéens ambassadeurs du savoir numérique
Claviers sous le bras, les cinq lauréats ont rendu vivante la devise « apprendre en agissant ». À l’issue du stage, chacun a présenté un projet d’application reposant sur l’IA : reconnaissance d’images pour la valorisation de la biodiversité, chatbot d’orientation scolaire en langue nationale ou encore tri intelligent des déchets dans les cités universitaires. Le jury sino-africain a décerné des primes d’encouragement, symbole d’un investissement sur le long terme. « Je me sens désormais capable de transmettre ces savoirs à mes camarades », confie la lycéenne Menga Iloki Bernadeth, consciente de la responsabilité qui l’attend dans son établissement de Makélékélé.
Le rôle catalyseur de la coopération sino-congolaise
Cette seconde édition du voyage d’étude consolide une coopération technique déjà active entre Brazzaville et Pékin, notamment dans le cadre de la Zone économique spéciale de Pointe-Noire et de la dorsale fibre optique transnationale (Ministère des Postes, 2022). L’accès privilégié à des laboratoires ultramodernes, combiné à l’appui didactique de mentors chinois, confère au projet un caractère structurant pour la transition numérique congolaise. « Ils ont pu tenir tête dans la compétition et honorer le Congo à tout point de vue », insiste la représentante de l’Unesco, rappelant que la promotion de la culture nationale a accompagné chaque ligne de code.
Vers une pédagogie active au cœur des écoles
Si l’expérience a enthousiasmé élèves et professeurs, elle a surtout ouvert la réflexion sur l’évolution des pratiques pédagogiques. L’enseignant Chris Moukana plaide ainsi pour un cursus faisant la part belle aux travaux pratiques, à l’image des séances éprouvées en Chine. Le ministère congolais de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation a d’ailleurs réaffirmé sa volonté d’intégrer des modules de programmation dès le collège, afin de préparer une génération apte à saisir les opportunités de l’économie 4.0. Les formés du programme Unesco-Codemao joueront, à cet égard, un rôle d’ambassadeurs auprès de leurs pairs, semant les graines d’un écosystème où l’innovation s’alimente de la curiosité scientifique et du sens de la solidarité.
Au terme de ce périple d’apprentissage et d’échanges, la jeunesse congolaise apparaît plus que jamais comme un levier stratégique pour le développement. Entre écrans, traditions et ambitions, elle trace une trajectoire résolument tournée vers l’avenir, démontrant qu’en conjuguant codage et créativité, le Congo peut accélérer son pas dans la course mondiale à l’intelligence artificielle tout en affirmant sa singularité culturelle.