Orientation des bacheliers : une agora éducative à Brazzaville
De l’avis des organisateurs, le Salon de l’information et de l’orientation des bacheliers, tenu du 4 au 8 août à Brazzaville, aura su conjuguer effervescence estudiantine et réflexion stratégique. Au fil des allées du Palais des congrès, près d’un millier de nouveaux diplômés du secondaire ont cherché, brochure à la main, la passerelle la plus fiable vers leur avenir universitaire. À leurs côtés, parents et enseignants, conscients de l’enjeu, scrutaient l’offre de quelque cinquante établissements publics et privés réunis sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur. « Orienter, c’est aussi gouverner le temps long », glissait la ministre Delphine Édith Emmanuel, rappelant la priorité accordée par les autorités à la formation du capital humain.
L’Académie des sciences et des arts : vitrine d’un Congo créatif
Parmi les stands les plus courus, celui de l’Académie des sciences et des arts du Congo n’a pas désempli. Institution privée agréée, elle revendique une approche interdisciplinaire où les humanités dialoguent avec l’ingénierie appliquée. Le colonel Maurice Itous Ibara, promoteur de l’établissement, a multiplié les échanges avec les visiteurs, martelant que « l’université doit être un laboratoire de solutions, pas seulement une salle de cours ». Autour d’une maquette numérique du futur campus, les conseillers pédagogiques détaillaient une offre allant du génie électrique aux arts plastiques, de la musique à la gestion hôtelière, sans omettre les incontournables réseaux télécoms et environnement durable.
Des formations pour l’économie post-pétrole
La singularité de l’Académie réside dans sa volonté de préparer le pays à l’ère où l’or noir ne sera plus la principale manne. Dans ce dessein, plusieurs filières axées sur la « pétrolisation », compréhensible comme la transformation des revenus pétroliers en capitaux humains et culturels, ont été créées. Les cursus en bâtiment, architecture et climatisation répondent aux ambitions d’infrastructures nationales, tandis que les parcours en audiovisuel, infographie et administration culturelle visent à faire émerger des industries créatives locales. Pour le colonel Itous Ibara, « la diversification économique commence sur les bancs de l’université ; former un ingénieur ou un saxophoniste, c’est toujours investir dans la même souveraineté ».
Une cohérence avec la stratégie gouvernementale
L’engagement de l’Académie s’inscrit dans la feuille de route gouvernementale dédiée à l’employabilité des jeunes, articulée autour de la montée en compétences et de l’adéquation formation-emploi. En facilitant l’accès à des licences professionnelles en banque, assurance, comptabilité ou ressources humaines, l’établissement espère répondre aux besoins d’une économie nationale en mutation. Les visiteurs ont également été sensibles aux partenariats internationaux évoqués, notamment avec des institutions africaines francophones, gage de mobilité académique et de reconnaissance des diplômes. Aux yeux des analystes, cette complémentarité public-privé illustre le pragmatisme d’une gouvernance qui mise sur la pluralité des acteurs pour relever le défi démographique.
Perspectives et attentes de la jeunesse
À l’issue du salon, les questionnaires de satisfaction faisaient ressortir un intérêt marqué pour les disciplines technologiques et environnementales, signe d’une conscience collective tournée vers les défis climatiques. Si certains étudiants confient redouter le coût de la scolarité dans le privé, d’autres saluent la clarté des passerelles avec le monde professionnel. L’Académie, pour sa part, dit travailler à des bourses ciblées et à l’alternance en entreprise. Entre prudence et espoir, la génération 2025 mesure que son avenir dépendra autant de la robustesse des politiques publiques que de l’audace de ces initiatives académiques. Les moteurs semblent enclenchés ; reste à transformer l’essai pour que l’après pétrole devienne, plutôt qu’une inquiétude, un horizon partagé.